Pourquoi s’intéresser aux objets connectés pour réduire sa consommation d’énergie ?
La transition énergétique ne se joue plus seulement dans les grandes infrastructures ou les choix nationaux ; elle se joue aussi dans chaque logement. Les objets connectés se sont imposés ces dernières années comme des outils concrets pour surveiller, analyser et optimiser sa consommation d’électricité et d’eau. Loin d’être de simples gadgets, ils offrent une vision détaillée des usages et permettent de mieux piloter ses appareils du quotidien.
Lorsque l’on pense « objets connectés » et énergie, on pense immédiatement au chauffage et aux thermostats intelligents. Pourtant, une part importante des économies potentielles se trouve ailleurs : éclairage, électroménager, veille des appareils électroniques, production d’eau chaude, gestion de l’eau, etc. En combinant quelques équipements bien choisis, il est possible de réduire significativement sa facture, souvent sans perte de confort, voire en gagnant en praticité.
Les prises connectées : un levier simple et efficace
Les prises connectées sont souvent le premier pas vers une maison plus sobre en énergie. Elles se branchent entre la prise murale et l’appareil à alimenter, puis se contrôlent via une application mobile ou un assistant vocal (Google Assistant, Amazon Alexa, Apple HomeKit, etc.).
La plupart des modèles, comme les TP-Link Tapo P110, les Meross MSS310 ou les Eve Energy, offrent deux fonctions clés pour la maîtrise de la consommation :
- Le pilotage à distance (allumage/extinction, scénarios, programmation horaire).
- La mesure de la consommation instantanée et cumulée (en kWh), souvent avec un historique.
En pratique, ces prises permettent :
- D’éteindre complètement certains appareils en veille (TV, barre de son, console de jeu, box Internet secondaire, machine à café, imprimante). La veille représente souvent plusieurs dizaines d’euros par an.
- De programmer des coupures sur certains équipements : par exemple éteindre automatiquement la prise de la télévision à minuit, ou celle d’un bureau à domicile après 20 heures.
- D’identifier les « gros consommateurs » inattendus. En branchant quelques jours une prise connectée sur un réfrigérateur, un décodeur TV ou un ordinateur, on découvre parfois des consommations beaucoup plus élevées que prévu.
Le coût d’une prise connectée se situe généralement entre 10 et 30 euros. Pour des équipements très sollicités, le retour sur investissement peut être atteint en moins d’un an, en particulier lorsque la prise sert à couper les veilles 24 h/24.
Optimiser l’éclairage avec les ampoules et interrupteurs connectés
L’éclairage reste un poste de consommation significatif, même si l’adoption des LED a fortement réduit les besoins. Les ampoules connectées vont plus loin en ajoutant un pilotage fin de l’éclairage pièce par pièce, voire lampe par lampe.
Des marques comme Philips Hue, Ikea Home Smart (TRÅDFRI), Nanoleaf ou LIFX proposent des ampoules pouvant être éteintes à distance, programmées ou intégrées à des scénarios automatiques. Les bénéfices énergétiques proviennent de plusieurs aspects :
- Ne plus laisser de lumière allumée inutilement, grâce aux commandes à distance et aux notifications. Un simple coup d’œil à l’application permet de vérifier que tout est éteint lorsque l’on quitte son domicile.
- Ajuster l’intensité lumineuse en fonction des besoins réels. Diminuer la luminosité à 60 ou 70 % suffit largement dans de nombreuses situations et réduit d’autant la consommation.
- Programmer des horaires adaptés : extinction automatique à une certaine heure, éclairage minimal la nuit pour les couloirs ou les escaliers, etc.
Les interrupteurs connectés ou modules à encastrer (comme ceux de Legrand with Netatmo, Fibaro ou Sonoff) ajoutent une couche supplémentaire. Ils permettent de conserver des ampoules classiques, tout en intégrant le pilotage connecté. Cette option est souvent intéressante pour un éclairage déjà équipé en LED ou lorsque l’on préfère ne pas multiplier les ampoules spécifiques.
Associés à des détecteurs de présence ou de luminosité, ces systèmes peuvent automatiser totalement l’éclairage d’une pièce : la lumière ne s’allume que lorsque quelqu’un est présent et lorsqu’il fait suffisamment sombre. Dans les pièces de passage (couloir, garage, toilettes), cette approche limite fortement les oublis.
Suivre en détail sa consommation électrique grâce aux capteurs et compteurs intelligents
L’arrivée de compteurs communicants comme Linky a ouvert la voie à une meilleure compréhension de la consommation des foyers. Mais les données fournies de base restent souvent peu exploitables au quotidien. C’est là qu’interviennent les modules et passerelles reliés au tableau électrique.
Des solutions comme Sense, Wiser Energy (Schneider Electric), ou des interfaces compatibles avec Linky (par exemple Enedis + box domotique, Ecocompteur Legrand) permettent :
- De suivre la consommation en temps réel (parfois à la seconde près).
- De visualiser des historiques détaillés (par jour, par semaine, par mois).
- De détecter certains appareils automatiquement grâce à leur « signature électrique ».
- De recevoir des alertes en cas de dépassement de seuil ou de consommation anormale.
Cette vision fine est un puissant outil de prise de conscience. En observant l’effet immédiat du démarrage d’un four, d’une climatisation, d’un sèche-linge ou d’une plaque de cuisson, on comprend rapidement quels gestes ont un réel impact. Certains systèmes suggèrent même des pistes d’optimisation, comme le décalage d’utilisation de gros appareils en heures creuses.
Dans un logement équipé de panneaux photovoltaïques, ces capteurs deviennent encore plus pertinents. Ils permettent d’adapter l’utilisation des appareils aux moments où la production solaire est maximale, réduisant d’autant l’électricité prélevée sur le réseau.
Électroménager intelligent : laver, sécher, refroidir… en consommant moins
De plus en plus d’appareils électroménagers intègrent aujourd’hui une connectivité Wi-Fi ou Bluetooth. C’est le cas notamment des lave-linge, lave-vaisselle, réfrigérateurs, sèche-linge ou fours chez des fabricants comme Samsung (SmartThings), LG (ThinQ), Bosch, Siemens ou Whirlpool.
La promesse est double : améliorer le confort d’utilisation et faciliter les économies d’énergie. Quelques exemples de fonctions utiles :
- Lancement différé en heures creuses, avec une programmation plus fine que les simples minuteries traditionnelles. L’application tient compte de la plage tarifaire exacte communiquée par le fournisseur d’énergie.
- Suggestions de programmes « éco » ou adaptés à la charge réelle. Certains lave-linge pèsent automatiquement le linge et ajustent la durée et la quantité d’eau.
- Notifications en cas de porte mal fermée sur un réfrigérateur, ce qui évite de laisser tourner le compresseur en continu et de gaspiller inutilement.
- Statistiques d’utilisation, rappelant la fréquence des cycles et permettant de repérer des usages excessifs (par exemple un sèche-linge utilisé pour de petits volumes de linge).
L’objectif n’est pas de remplacer un appareil qui fonctionne encore bien uniquement pour gagner cette connectivité, ce qui serait rarement pertinent sur le plan écologique. En revanche, lors d’un renouvellement inévitable, choisir un modèle connecté et bien classé sur le plan énergétique peut apporter un vrai plus, surtout si l’on exploite les fonctions de suivi et de planification au quotidien.
Gérer intelligemment l’eau chaude sanitaire
L’eau chaude sanitaire représente un poste de consommation important, en particulier dans les foyers électriques équipés d’un chauffe-eau à ballon. Ici encore, les objets connectés offrent des pistes intéressantes, sans toucher au chauffage ambiant.
Des solutions comme les contacteurs intelligents pour chauffe-eau, certains modules Wiser ou des relais connectés (par exemple via Sonoff ou Shelly) permettent :
- De piloter l’alimentation du chauffe-eau à distance.
- De programmer précisément les plages de chauffe en complément ou en remplacement du simple pilotage heures creuses.
- De couper le chauffe-eau pendant les absences prolongées (vacances, déplacements professionnels).
Certains systèmes vont plus loin et intègrent une logique d’auto-apprentissage. Ils analysent les habitudes de consommation d’eau chaude du foyer et ajustent automatiquement la chauffe pour disposer du volume nécessaire, sans surdimensionnement. Cette régulation fine permet d’éviter de maintenir inutilement un ballon à température élevée toute la journée.
Capteurs et scénarios domotiques : l’intelligence au service de la sobriété
La plupart des objets connectés prennent tout leur sens lorsqu’ils sont intégrés dans un écosystème global : box domotique, plateforme comme Home Assistant, Jeedom, ou encore les hubs propriétaires (Philips Hue Bridge, SmartThings Hub, etc.).
En combinant capteurs et actionneurs, il devient possible de créer des scénarios entièrement automatisés, qui réduisent la consommation sans intervention quotidienne :
- Extinction automatique de toutes les lumières et de certaines prises connectées lorsque le dernier membre du foyer quitte la maison (détection via géolocalisation ou capteur d’ouverture de porte).
- Désactivation de certaines prises dès que le téléviseur est éteint, pour couper aussi la barre de son ou les consoles de jeu.
- Réduction de l’éclairage lorsque le capteur de luminosité indique un fort ensoleillement.
- Passage automatique de l’électroménager en mode « éco » ou lancement différé lorsque le prix de l’électricité est élevé (avec certaines offres d’électricité dynamique).
Cette logique d’automatisation évite de reposer uniquement sur la vigilance des occupants, souvent mise à mal par la routine quotidienne. Une fois correctement paramétrés, ces scénarios fonctionnent en arrière-plan, générant des économies discrètes mais récurrentes.
Bien choisir et sécuriser ses objets connectés
Tous les objets connectés ne se valent pas, tant sur le plan de la fiabilité que de la sécurité ou de la transparence sur les données collectées. Avant d’équiper son logement, plusieurs critères méritent attention :
- La compatibilité avec les principaux écosystèmes (Matter, Zigbee, Z-Wave, Wi-Fi, HomeKit, Google Home, Alexa) pour éviter de se retrouver avec des équipements isolés.
- La présence de mises à jour logicielles régulières, indispensables pour corriger d’éventuelles failles de sécurité.
- La qualité de l’application mobile : interface claire, historique détaillé, graphes de consommation, export des données.
- La possibilité d’utiliser l’appareil en local (sans dépendre d’un cloud externe) pour certains produits, ce que proposent par exemple Eve ou certaines solutions Legrand et Fibaro.
Sur le plan de la sécurité, il est recommandé de :
- Mettre à jour systématiquement le firmware des appareils.
- Utiliser des mots de passe forts et uniques pour les comptes associés.
- Segmenter éventuellement le réseau Wi-Fi (réseau invité) pour les objets connectés les plus basiques.
Une maison connectée et économe n’est pas forcément une maison remplie de gadgets. L’essentiel est de choisir quelques équipements bien pensés, adaptés à son mode de vie, et de prendre le temps de configurer des scénarios simples mais efficaces. En combinant suivi de consommation, coupure intelligente des veilles, optimisation de l’éclairage et pilotage de certains appareils clés, il est possible de réduire sensiblement sa facture énergétique tout en gagnant en confort au quotidien.

